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LES HÉROÏNES DE L'OMBRE

L'Afrique précoloniale avait une gestion gouvernementale assez particulière. C'était un mode de vie fortement stricte et hiérarchisée dans lequel chaque individu avait une place bien déterminée dans la société. Une société régie par des règles facilitant le bien-être de tous. L'Afrique noire regorgeait d'empires et de royaumes qui furent démantelés pendant l'invasion des Occidentaux. Malgré cela, le nom de braves souverains tels que Shaka Zulu de Zululand, de Soudjanta Keita de l'empire du Mandingue, Kaya Manga Cissé de l'empire du Ghana, et de tant d'autres seront à jamais gravés dans l'histoire du continent africain. Cependant, il y a un proverbe africain qui dit que : «derrière chaque grand homme se cache une femme de fer». Et c'est de ces femmes dont nous allons parler aujourd'hui. Elles ont activement participé à l'histoire de ce continent, à notre patrimoine historique, mais leur courage et leurs bravoures sont passés à l'oubli. Reines, guerrières, ou servantes découvrons les héroïnes d'Afrique.

LA REINE BAOULÉ ABLA POKU

Il était une fois à Kumasi, capitale du puissant royaume ashanti, la mort d'un roi dévastait tout un peuple. Ossei Tutu, souverain et fondateur de la confédération ashanti du Ghana n’était plus et sa succession devait être assurée. En vertu de la loi de succession matrilinéaire des ashanti (succession par lignée maternelle), le fils de la sœur du défunt roi à plus de chance de succéder au trône que l'enfant du frère dudit roi. C’était donc Dakon, le frère ainé d'Abla Pokou qui était le successeur légal du royaume. Mais Itsa, un vieil oncle de la famille régnante s'y opposa et une violente guerre de succession finit par éclater dans le royaume. Pendant cette impétueuse bataille, Dakon trouva la mort, et Abla Pokou ayant perdu son seul défenseur décida de fuir pour se sauver la vie. Et c'est ainsi que la reine Poku rassembla sa famille, ses amis, ses loyaux soldats et serviteurs et quitta Kumasi lors d'une nuit de grandes pluies pour le nord-ouest du pays.


Après une fuite sans relâche dans la forêt, talonné par l’ennemi, ils arrivèrent au bord d'un fleuve. Le grand fleuve Comoé, une frontière naturelle séparant le Ghana et l'actuelle Côte d’Ivoire que les pluies hivernales avaient rendue pratiquement infranchissable. Face à ce nouveau obstacle la reine s’adressa à son devin «Dis-moi ce que demande le génie de ce fleuve pour nous laisser traverser!» et ce dernier lui répondit : «Reine, le fleuve est irrité, il ne s'apaisera que lorsque nous lui soumettrons une offrande, il demande la chose que nous avons de plus chère». Face à cette requête, les femmes présentèrent leurs plus belles parures d'or et d'ivoire, les hommes, leurs plus gros bétails mais à la surprise de tous il les repoussa tout en ajoutant : «Ce que nous avons de plus chers ce sont nos fils». La seconde d'après, un énorme silence régnait au bord de ce fleuve. L'on n'entendait plus que les flots grondants et le son de quelques insoucieux oiseaux des alentours. Aucune femme ne voulait sacrifier son enfant, un enfant qu’elle à garder neuf mois dans ses entrailles, qu’elle a accouchée, nourrit, chéri et aimé de toutes ses forces. Mais c'est à cet exact moment que la reine fit acte d’héroïsme. Sans trop réfléchir, elle détacha son bébé de son dos, l'orna lentement de bijoux et prononça solennellement : «Kouakou, mon unique enfant, pardonne-moi, mais j'ai compris qu'il faut que je te sacrifie pour la survie de notre tribu. Plus qu'une femme ou une mère, une reine est avant tout une reine ! » Puis, sous le regard de tous, elle contempla son fils pour la dernière fois avant de le précipiter dans les flots. Quelques instants plus tard, les eaux s’étaient calmées, comme par magie.

Fleuve Comoé, Cote d'ivoire

Plusieurs versions sont racontées concernant la façon dont ce fleuve a été traversé. Certains parlent d'un tronc de fromager s’étant abaissé et d'autres d'hippopotames ayant servi de passerelle. Une chose est sure, ils arrivèrent à l’autre bout de ce fleuve. Ils étaient à présent en Cote d’ivoire et bien que la reine n’ait manifesté aucune affliction particulière pendant son acte, elle était ravagée par une foule de sentiment : la peur, la tristesse, la douleur, la culpabilité … Elle se retourna donc une dernière fois vers les eaux et murmura en sanglot «Ba wouli!», «l'enfant est mort!». Et c'est de là que provient le mot Baoulé qui représente aujourd’hui le nom d’une ethnie en Côte d’Ivoire. Arrivée sur cette nouvelle terre ou ils étaient à présent en sécurité, ils s’installèrent entre les fleuves Badama et Comoé et la reine organisa sa suite en huit clans : Ouarébo, Nzipbri, Saafwè,Faafwè, Manafwè, Aïtou, Agba et Ngban. Les ancêtres décidèrent d'organiser les funérailles de l'enfant sacrifié, et firent de Sakassou la capitale à titre honorifique du royaume Baoulé.


La Reine Pokou règnera quelque temps, mais affectée par le sacrifice de son fils, la longue et pénible course à travers la forêt et une succession de maladie, elle ne fit pas long feu. Et c’est alors que la Monarque ashanti, mère des baoulés, la reine Abla Pokou s’éteignit à Niamenou en 1760. Sa nièce Akwa Boni prit ensuite les rênes du royaume et se lanca dans une conquête sans fin. Elle installa les clans dans les quatre coins du pays et entreprît des guerres de conquête pour l’élargissement de son territoire. Elle réussit a soumettre plusieurs ethnies, mais trouva la mort pendant l’une de ses nombreuses conquêtes à Yaouré.





Prochain article : La princesse Yenenga, fondatrice de royaume Moogo.



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